vendredi 29 octobre 2010

Transfert de la "sécurité civile": un marché de dupes

Le transfert de compétence de la sécurité civile est prévu au point 3.1.2 de l’accord de Nouméa qui précise « au cours des second et troisième mandat du congrès, les compétences suivantes seront transférées à la Nouvelle-Calédonie. »

« L’élaboration des règles et la mise en œuvre des mesures intéressant la sécurité civile. Toutefois un dispositif permettra au représentant de l’Etat de prendre les mesures nécessaires en cas de carence. »

Afin de permettre la mise en œuvre de ces dispositions la loi n°2004-811 du 13 août 2004 portant modernisation de la sécurité civile en métropole à prévu dans son article 86 que ce texte serait adapté à la Nouvelle-Calédonie par ordonnance.

Une première ordonnance n°2006-172 du 15 février 2006 portant actualisation et adaptation du droit applicable en matière de sécurité civile en Nouvelle-Calédonie fut adoptée. Cette ordonnance donne la définition suivante de la sécurité civile :
« La sécurité civile en Nouvelle-Calédonie a pour objet la prévention des risques de toute nature, l’information et l’alerte des populations ainsi que la protection des personnes, des biens et de l’environnement contre les accidents, les sinistres et les catastrophes par la préparation et la mise en œuvre des mesures et des moyens appropriés relevant de l’Etat, des collectivités territoriales et des autres personnes publiques ou privées. »

…………………………………………………………………………………….

« Sur le territoire de la commune, le maire est responsable de l’organisation, de la préparation et de la mise ne œuvre des moyens de secours dans le cadre des textes législatifs et réglementaires applicables en matière de sécurité civile. »
« L’Etat est garant de la cohérence de la sécurité civile en Nouvelle-Calédonie. Il est définit la doctrine et coordonne tous les moyens. »
« Avec le concours de la Nouvelle-Calédonie et des provinces dans le cadre de leurs compétences, ainsi que des communes, il évalue en permanence l’état de préparation aux risques et veille à la mise en œuvre des mesures d’information et d’alerte des populations. »
« La Nouvelle-Calédonie et les provinces concourent à la prévision des risques de sécurité civile dans le cadre des compétences qui leurs sont dévolues, notamment en matière de protection de l’environnement, d’aménagement du territoire et d’urbanisme. »

« Sans préjudice des dispositions relatives à l’organisation de l’Etat en temps de crise[1] et de celles du code des communes, le HC coordonne les opérations de secours excédant le territoire d’une commune ou dont l’ampleur excède les moyens de la commune. »

Il ressort de ces dispositions que la sécurité civile est, à titre principal, une compétence de l’Etat, dont l’exercice est partagé avec la Nouvelle-Calédonie, les provinces et les communes.

Sur le territoire communal c’est en le maire application de son pouvoir de police (article L. 131-2, 4°) qui exerce la compétence de sécurité civile avec les services d’incendie et de secours. Mais il peut provoquer l’intervention de l’Etat s’il est dépassé par la gravité des évènements et, en application de l’article L.131-13, le HC peut se substituer au maire. Cela suppose donc que l’Etat doit disposer de moyens.
Mais, alors même que l’ordonnance de 2006 n’est toujours pas appliquée, l’Etat modifie le dispositif prévu, sans tenir compte des réserves exprimées par le congrès, et instaure par ordonnance n°2009-1336 du 29 octobre 2009 une nouvelle organisation reposant pour l’essentiel sur un établissement public d’incendie et de secours de la Nouvelle-Calédonie (EPIS), qui vient se substituer aux services d’incendie et de secours communaux.

Qu’est-ce qui explique ce brusque revirement ?

Avec la loi organique du 3 août 2009 l’Etat dispose d’un pouvoir de substitution d’action envers le président du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie si celui-ci ne prend pas les mesures nécessaires en cas de crise. Dans cette hypothèse, il doit donc agir au lieu et place de la NC et doit à ce titre disposer de moyens dédiés à la sécurité civile.
Hors avant le transfert de compétence, le service de la sécurité civile du haut-commissariat ne dispose que de deux officiers de sapeurs-pompiers et cinq agents administratifs, qui ne sont d’ailleurs pas mentionnés dans la convention conclue avec le gouvernement local, leur transfert à l’EPIS ayant d’ores et déjà été programmé par l’Etat. A défaut de moyens propres, en cas de crise l’Etat s’appui sur les moyens de communes et des FANC.
Ainsi en 2011, l’Etat va transférer une compétence dépourvue de moyens à la Nouvelle-Calédonie qui, de surcroît, ne va bénéficier que d’une dotation de compensation ridiculement faible, rendant impossible l’exercice de cette nouvelle compétence.

A défaut de moyens, la Nouvelle-Calédonie n’aura donc pas d’autre alternative que de se tourner vers la seule structure existante : l’établissement public d’incendie et de secours, pour lui confier la gestion des risques de sécurité civile et vers l’Etat en cas de crise, lui seul étant en mesure de mobiliser les FANC.

On comprend ainsi aisément que le transfert de compétence de la sécurité civile s’apparente a un marché de dupes :

-L’Etat transfert une compétence juridique sans moyens les moyens qui seraient nécessaires à sa mise en œuvre. Il s’agit donc en vérité d’un transfert de charges.
- L’Etat ne disposant actuellement pas d’autres moyens que ceux des FANC, il sait que la Nouvelle-Calédonie ne pourra pas exercer cette compétence après le transfert et qu’il ne sera pas en mesure de se substituer à elle.
-Comme la loi organique du 3 août 2009 lui donne compétence pour agir au lieu et place de la NC en cas de crise, il doit cependant pouvoir s’appuyer sur des moyens qu’il n’a pas, hormis ceux des FANC.
- C’est pourquoi l’Etat s’efforce aujourd’hui de créer l’établissement public d’incendie et de secours dont il peut s’assurer de la disponibilité des moyens par le biais, du schéma directeur d’analyse et de couverture des risques (SDACR) et du règlement opérationnel (RO) qu’il impose aux collectivités membres, mais aussi par la nomination de l’encadrement de cet établissement public et sa compétence opérationnel.

Ainsi le transfert de compétence de la sécurité civile à la Nouvelle-Calédonie constitue une bonne affaire pour l’Etat. En effet, bien que ne disposant plus de la compétence, transférée sans moyens et au moindre coût, il conserve néanmoins la possibilité d’agir avec les moyens des collectivités qui financent l’EPIS.
Ce transfert de compétence, loin de renforcer l’autonomie de la Nouvelle-Calédonie va donc accroître, dans la configuration proposée, sa dépendance envers l’Etat. Le dispositif préconisé par l’Etat, qui repose essentiellement sur l’EPIS, va de ce fait à l’encontre des principes de l’accord de Nouméa qui évoque des transferts de compétences irréversibles.

En outre le projet d’EPIS est combattu car les élus membres du conseil d’administration ne pourront pas en maîtriser l’évolution budgétaire, dans la mesure où son organisation et ses moyens lui seront imposés par l’Etat avec le SDCAR et le RO qui sont pris par arrêté du haut-commissaire.

Que faire ?



[1] La loi organique n°2009-969 du 3août 2009 modifie celle du 19 mars 1999 et précise « A compter du transfert de compétence en matière de sécurité civile, le HC peut prendre, dans tous les cas où il n’y aurait pas été pourvu par les autorités de la NC, toutes mesures nécessaires visant à assurer la sécurité civile. »

Emission "Faut qu'on se parle...": ce que l'élu FLNKS Sud n'a pas pu poser comme questions...

A l'émission « Faut qu’on se parle… » de ce jeudi 28 octobre 2010 avec comme invité principal, le député G.YANNO, l'élu de la dynamik FLN Sud aurait voulu poser certaines questions liées au thème "l'Agglomération". La tournure de l'émission a eu pour conséquence d'un évocation rapide de la première question "Transport et circulation"...


Transport et circulation
Face aux problèmes de circulations d’entrée dans Nouméa (embouteillages…), les communes du Grand Nouméa et la Province Sud se sont regroupées et ont mis en place le SMTU (syndicat mixte de transports urbains chargé de trouver des solutions. Une des solutions est le projet du TCSP (transport en commun sur site propre) avec un coût avoisinant plus de 20 milliards de F. La province sud a voté une autorisation de programme pour plus de 4 milliards de F pour rendre fluide la circulation…
J’aurais deux observations et je voudrais savoir si vous les partagez.
1 – On aurait pu empêcher cela si les responsables politiques de la province sud et des communes de Nouméa avaient su anticiper en menant une politique globale d’aménagement prospective à l’échelle de l’agglomération pour désengorger la ville de Nouméa.
- La décentralisation de certains services administratifs et techniques de la NC ou de la Province… ex : la DITTT, le DEPS,…
2 – Malgré ce constat, on remarque qu’on continue à construire au cœur même de la ville (persiste dans l’erreur en favorisant les constructions des bâtiments publiques (au sens large)) :
- La construction actuelle d’un bâtiment de la Province Sud, à côté de celui du gouvernement
- Le projet de construction d’un Centre de Congrès et d’Exposition
- Le nouveau Musée
- Etc.


Assainissement
Dans l’actualité, il y a deux événements qui font l’objet de mécontentement d’un certain nombre d’habitants ont attrait à l’assainissement : le dépôt des boues des statuts d’épuration au Mont Té et la dépollution de la baie de Tindu.
J’aurais également deux observations et peut-être que vous les partagez…
1 – On est obligé de constater que l’assainissement, par le passé, n’a jamais ou peu constitué une des priorités pour la ville de Nouméa. J’en veux pour preuve : sur les 5 STEP, une seule est aux normes… Le premier schéma directeur d’assainissement de Nouméa voté par le conseil municipal date en fait de 1986.
2 – Cette actualité démontre une certaine discrimination en matière de politique d’assainissement. En 86, la priorité était le centre-ville. Puis s’est imposé le développement touristique, et les travaux se sont déplacés vers l’Anse-Vata et la Baie-des-Citrons.

Identité océanienne
On a l’impression que la révision encore du PUD de la commune de Nouméa confirme la non-prise en compte de l’identité océanienne.
1 – L’identité occidentale est bien mise en avant avec le « Tout Béton » ; les promoteurs immobiliers continuent à spéculer sur la moindre parcelle de foncier.
2 – Au nom du lien à la terre, un droit reconnu pleinement dans l’Accord de Nouméa, les clans kanak continuent de réclamer leur droit, notamment à Dumbéa et Païta mais ce droit est étouffé le rouleau compresseur qu’est l’urbanisation.

Dépollution de la baie de Tindu, attendre une décision fin mars 2011...


Mardi 26 octobre 2010 - 15h30. A la maison de quartier de Tindu, la mairie de Nouméa a informé les associations Reveil Quotidien et Ensemble Pour La Planète (EPLP) sur le calendrier et les méthodes pour diagnostiquer le fonctionnement de la station d'épuration d'une part, et les réseaux des eaux usées et fluviaux.

Ces deux diagnostics vont rendre leur rapports finaux fin mars 2011.

Selon l'adjointe du maire, ce n'est qu'à partir de là que sera décidé soit d'une extension de la station d'épuration actuelle soit d'une construction d'une nouvelle station.


Mécontents, les représentants des associations ont exprimé leur colère car ils auraient voulu que cela aille plus vite. Mais, peut-on le faire sur un plan technique ?

En attendant, il est proposé que l'EPLP soumette une solution provisoire aux services de la mairie afin de procéder à une étude de faisabilité... Grosso modo, cette solution consiste à l'installation des bacs à sable...

dimanche 24 octobre 2010

Le nouveau conseil d'administration de la SEM Mwé Ara se réunira ce lundi 25 octobre 2010 à la mairie de Bourail

Suite au changement intervenu le jeudi 14 octobre à l'assemblée de la Province Sud dans la désignation des représentants de l'institution au conseil d'administration de la SEM Mwé Ara, et aux intérogations de la part de certains membres du conseil quand aux éventuels "redimensionnements", il était plus que nécessaire de convoquer une réunion d'explication et surtout pour rassurer les uns et les autres sur le maintien de la poursuite du projet Gouaro Deva.



(photo Madoy - Tony Déa, représentant du GDPL Mwé Ara en compagnie du ministre de l'agriculture du gouvernement du pays, Jean Louis D'Anglebermes - à gauche - lors d'une émission de Djiido en direct de la place Mwâ Kââ le jeudi 24 juin 2010)


C'est ainsi qu'un Conseil d’Administration de la SEM Mwe Ara se tiendra à la mairie Bourail, le lundi 25 octobre 2010 à 09h00 avec comme ordre du jour :
- Désignation de nouveaux représentants aux postes d’administrateurs
- Élection du Président du conseil d’administration
- Désignation du nouveau directeur général de la SEM
- Procès-verbal de la réunion du conseil d’administration du 02 septembre 2010
- Questions diverses.

On sait par ailleurs que le nouveau président sera le premier vice président de la Province Sud, Eric Gay et que le directeur sera Thierry Menesson, l'actuel directeur de l'IAC (institut agronomie calédonien). Le premier remplace Philippe Michel qui a été éjecté au même titre que De Greslan, tous deux membres de Calédonie Ensemble lors de l'assemblée de province le jeudi 14 octobre. Le second prend la suite du démissionnaire JF Courty...

Par ailleurs, cette réunion à la mairie de Bourail sera l'opportunité du futur président de la SEM Mwé Ara d'informer les partenaires des contacts pris dernièrement par lui-même avec des possibles investisseurs chinois. En effet, des contacts ont été pris lors d'un déplacement en Chine d'une mission de la Province avec la participation de Brétegnier Pierre, président de Promo Sud.

Autre information très attendue également: la défiscalisation que Paris devait prendre comme avis. Sans cette défisc, le projet de l'hôtel 5 étoiles accompagné d'un golf d'un coût de 9 milliards de F ne vont jamais démarrer...

Au moment où la province rencontre des difficultés budgétaires structurelles, toutes les hypothèses ne sont pas écartées dans le redimensionnement du projet...

On rappelle que les membres du conseil d'administration sont :
ANDREA Nicole
OHLEN Isabelle
PABOUTY Sylvain
GAY Eric
RIEU Régina
AÏFA Taïeb
LAFAGE Dominique
TEUET Hyacinthe
DEA Tognignès
DUTEIS Jean-Louis
WIMBE Eugénie
BOANEMOI Julien
WAÏA Édouard
BELPATRONNE Paul
BARKET-BABOIS Sonia
GRANIER Thierry

jeudi 21 octobre 2010

La KANAKY est en marche !!!

Photo prise dans la baie de Nakety le vendredi 15 octobre 2010

samedi 16 octobre 2010

la Province Sud contient plus de kanak que les deux autres prises séparément ?

Y a t-il plus de kanak vivant dans la Province Sud que dans les deux autres ? Comme on a pu prétendre à un moment donné que Nouméa était la plus grande tribu kanak du pays... Pour tenter de répondre, Madoÿ a fait un petit exercice, à la louche, à partir du Recensement de 2009. Officiellement, la population totale est estimée à 245 580.

Les migrants du Nord et des Îles...
- Île loyauté : 40 728 (double compte) – 17 436 (municipale) = 23 292 émigrants
- Nord : 61 199 (double compte) – 45 137 (municipale) = 16 062 émigrants
- Total pour les îles et le Nord : 39 354 émigrants ; néanmoins, on va considérer réellement que 35 000 d’entre eux émigrent vers le Sud.
Les autres, c'est à dire les 3454, ont émigré soit vers la Province Nord soit ailleurs mais, pas vers la Province Sud.

Les kanak du Sud...
A ceux-là, on va ajouter les kanak du Sud où l’on peut comptabiliser parceque les kanak sont représentés très majoritairement; comme par exemple:
- Yaté : 2 564
- Thio : 3140
- Sarraméa : 853
- Île des Pins : 2 803
- Total : 9 360... sans compter les kanak de Bourail, Moindou, Boulouparis, Lafoa, Païta, St Louis, Île Ouen…

... Et les kanak originaires d’ailleurs mais nés dans le Sud (Grand Nouméa) ou qui sont dans le Sud depuis des lustres.
-
Au total, nous avons 35 000 + 9 360 = 44 360

Rappelons que les populations municipales en 2009 sont pour :
- Province Nord : 45 135... en comptant les non kanak !
- Provine des Îles : 17 436

Conclusion : la Province Sud contient plus de kanak que les deux autres prises séparément.

Le groupement environnementaliste EPLP auditionné par Mm DUTHILLEUL sur le schéma du developpement industriel

Le jeudi 6 octobre 2010, EPLP a été auditionné par Madame Duthilleul relativement au «Schéma de développement industriel » qu’elle pilote pour la Nouvelle-Calédonie.
Après nous avoir indiqué qu’elle avait supervisé les projets d’usines du nord et du sud et qu’elle
connaissait donc bien le dossier nickel, elle nous a donné la parole afin que nous lui fassions part de nos remarques, interrogations, préoccupations au sujet de l’avenir de la mine et de la métallurgie.
Parce que nous ne sommes vraiment pas sûrs que l’exploitation minière et l’industrie métallurgique aient « profité » aux Calédoniens, à tous les Calédoniens, comme cela aurait dû être, voilà ce que nous lui avons indiqué :

1° Ce schéma part d’un présupposé qu’il faudrait développer l’industrialisation du territoire pour le bien de ses habitants. Pour nous, cela reste à prouver. En effet, nous observons que les dégradations des milieux, terrestres et aquatiques, sont extrêmement importantes ; l’érosion de la biodiversité calédonienne nous préoccupe. D’autre part, les retombées économiques ne sont pas vraiment au rendez-vous. Faut-il rappeler qu’en 2010, des Calédoniens ne bénéficient ni d’eau courante, ni d’électricité, que l’assainissement connaît sur l’ensemble du territoire un retard préoccupant et que l’espérance de vie y est inférieure de 7 ans à ce qu’elle est en métropole ? Doit-on aussi évoquer la pénurie d’eau que ne manqueront pas de connaître les habitants d’Oundjo parce que les besoins de l’industriel sont considérables ?

2° Nous demandons que la réalisation de ce schéma ne soit envisagée qu’après qu’aura été réalisé un BILAN de la mine et de la métallurgie des années passées, ce bilan devant être sanitaire, social/sociétal, économique et environnemental. C’est de ce bilan et de ce bilan seulement, que pourra émerger ce qu’il faut faire et ne pas faire. Nous citons des exemples :
- région Thio/Canala. Quel « bilan » d’un siècle d’exploitation pour les habitants de la zone ?
- 20 000 ha à revégétaliser recensés pour un coût de 160 milliards de francs dont au moins la
moitié à la charge des contribuables. Il faudra au moins 30 ans au rythme actuel pour apurer le
retard ! A noter que la revégétalisation est, pour nous, « mieux que rien » mais reste un «emplâtre sur une jambe de bois ».
- quel bilan pour les malades de l’amiante ayant travaillé sur mines ou à la SLN (taux de
mortalité lié aux maladies de l’amiante 10 fois supérieure en NC par rapport à celle de la
métropole) ? EPLP souligne que le premier rapport faisant état de minerai amiantifère en NC date de 1976. Cette date parle d’elle-même : la santé des Calédoniens a été sacrifiée durant près de 40 ans sur l’autel du la mine et de la métallurgie avec la complicité passive de certains et active de quelques autres.
- quel manque à gagner pour les populations de « là-bas » et d’ici avec les défiscalisations
d’Etat et locale ? EPLP demande que tous les projets mine, métallurgie, énergie d’origine fossile,
n’accèdent plus au dispositif de défiscalisation puisque ces projets ne sont pas durables.
- etc

3° Ce schéma, prévu dans les ADN devait être réalisé avant 2004. Le retard mis à sa réalisation est donc certain. Il aurait pourtant été préférable qu’il soit prêt avant que les deux grands projets d’« usines » n’aient abouti sans coopération ni concertation entre exploitants et autorités. Le mal est fait…

4° Nous demandons que le vocabulaire choisi dans la communication « officielle » n’induise pas en erreur la population : la mine et la métallurgie ne sont pas des activités durables. Au mieux,
l’exploitation du nickel durera encore 150 ans sur le Caillou. Nos petits-enfants en verront donc la fin… Nous faisons remarquer à nos interlocuteurs que nous, nous ne sommes pas «de passage», que notre vie est ici et que, après que les uns et les autres auront tiré du Caillou ce qu’ils pouvaient, nous, nous resterions. Nous ne voulons pas d’un désert ravagé.

5° Le cas échéant, il faudra veiller à ce que ce schéma soit en conformité avec les traités
internationaux (Convention d’Apia, Convention de Nouméa, droits des peuples autochtones) et
l’existant (Plan énergie-climat, NC 2025).

6° Quid de son élaboration ? Sera-t-elle transparente, digne de la bonne gouvernance ? Y aura-t-il des réunions publiques ? Combien ? Où ? Ou bien sera-ce la seule affaire de technocrates ?

7° Pour le présent et l’avenir, nous pointons le conflit né de ce que les institutions sont aussi
intéressées aux projets. Elles détiennent le pouvoir de règlementation et de contrôle ET sont aussi actionnaires. La confusion n’est pas saine.

8° Ce schéma industriel prévoira t-il des modalités de révision participative et une durée de validité, respectera t-il les principes constitutionnels applicables en NC :
- principe du pollueur-payeur
- principe d’association du public aux décisions
- principe d’intégration à leur JUSTE place (donc éminente !) des problématiques
environnementales dans les politiques publiques ?

9° Ce schéma industriel est indissociable du schéma énergie. Si, comme on nous le dit
régulièrement, l’industrie a besoin de charbon pour son électricité, veut-on encore renforcer la
dépendance de la NC en matière énergétique ? Et le jour prochain où il faudra payer les rejets de
CO, qui le fera ? La collectivité ? Les industriels ? Mais alors ces derniers ne feront-ils pas encore des salariés la variable d’ajustement ? Quel regard de la communauté internationale sur la NC,
devenu 3° émetteur mondial de CO2 avec 36 T/an /habitant ? Qui portera au final les coûts
climatiques de la mine et de la métallurgie de la NC ?

10° Qui siègera dans le « Comité stratégique industriel » ? Qui fera les nominations ? Sur quels
critères ? D’autre part, EPLP aimerait savoir pourquoi le massif du sud, le « diamant de Goro » a été bradé à INCO à un prix au moins 100 fois inférieur au prix réel. La NC a été spoliée lors de cette transaction. Pourquoi ? Y aurait-il à cela une raison d’état ?

Un représentant du nord, président du comité environnemental de KNS, fait remarquer que le
manque de transparence de l’industriel est patent à l’égard des associations environnementales.
On relève aussi que des « promesses » ne sont pas tenues : 100% des cendres de Prony énergie
devaient être revalorisées. En fait, aujourd’hui, c’est 0% et la collectivité paie 1.2 milliard de francs par an pour évacuer lesdites cendres vers l’ISD de Gadji alors même que les particuliers paient déjà l’électricité près de 6 fois le prix de la métropole subventionnant ainsi indirectement les industriels du nickel.

En conclusion, la Calédonie a peut être été le « dindon de la farce » (sauf que la farce n’est pas
drôle). Puisse t-elle ne plus l’être à l’avenir… Nauru et Makatéa ? Non merci, pas chez nous ! !

mardi 12 octobre 2010

Noam Chomsky: les dix stratégies de manipulation de masses

Noam Chomsky: les dix stratégies de manipulation de masses
Le linguiste nord-américain Noam Chomsky a élaboré une liste des « Dix Stratégies de Manipulation » à travers les média. Nous la reproduisons ici. Elle détaille l'éventail, depuis la stratégie de la distraction, en passant par la stratégie de la dégradation jusqu'à maintenir le public dans l'ignorance et la médiocrité.

1/ La stratégie de la distraction
Élément primordial du contrôle social, la stratégie de la diversion consiste à détourner l’attention du public des problèmes importants et des mutations décidées par les élites politiques et économiques, grâce à un déluge continuel de distractions et d’informations insignifiantes. La stratégie de la diversion est également indispensable pour empêcher le public de s’intéresser aux connaissances essentielles, dans les domaines de la science, de l’économie, de la psychologie, de la neurobiologie, et de la cybernétique. «Garder l’attention du public distraite, loin des véritables problèmes sociaux, captivée par des sujets sans importance réelle. Garder le public occupé, occupé, occupé, sans aucun temps pour penser; de retour à la ferme avec les autres animaux.» Extrait de «Armes silencieuses pour guerres tranquilles»

2/ Créer des problèmes, puis offrir des solutions
Cette méthode est aussi appelée « problème-réaction-solution ». On crée d’abord un problème, une « situation » prévue pour susciter une certaine réaction du public, afin que celui-ci soit lui-même demandeur des mesures qu’on souhaite lui faire accepter. Par exemple: laisser se développer la violence urbaine, ou organiser des attentats sanglants, afin que le public soit demandeur de lois sécuritaires au détriment de la liberté. Ou encore : créer une crise économique pour faire accepter comme un mal nécessaire le recul des droits sociaux et le démantèlement des services publics.

3/ La stratégie de la dégradation
Pour faire accepter une mesure inacceptable, il suffit de l’appliquer progressivement, en «dégradé », sur une durée de 10 ans. C’est de cette façon que des conditions socio-économiques radicalement nouvelles (néolibéralisme) ont été imposées durant les années 1980 à 1990. Chômage massif, précarité, flexibilité, délocalisations, salaires n’assurant plus un revenu décent, autant de changements qui auraient provoqué une révolution s’ils avaient été appliqués brutalement.

4/ La stratégie du différé
Une autre façon de faire accepter une décision impopulaire est de la présenter comme « douloureuse mais nécessaire », en obtenant l’accord du public dans le présent pour une application dans le futur. Il est toujours plus facile d’accepter un sacrifice futur qu’un sacrifice immédiat. D’abord parce que l’effort n’est pas à fournir tout de suite. Ensuite parce que le public a toujours tendance à espérer naïvement que « tout ira mieux demain » et que le sacrifice demandé pourra être évité. Enfin, cela laisse du temps au public pour s’habituer à l’idée du changement et l’accepter avec résignation lorsque le moment sera venu.

5/ S’adresser au public comme à des enfants en bas-âge
La plupart des publicités destinées au grand-public utilisent un discours, des arguments, des personnages, et un ton particulièrement infantilisants, souvent proche du débilitant, comme si le spectateur était un enfant en bas-age ou un handicapé mental. Plus on cherchera à tromper le spectateur, plus on adoptera un ton infantilisant. Pourquoi ? « Si on s’adresse à une personne comme si elle était âgée de 12 ans, alors, en raison de la suggestibilité, elle aura, avec une certaine probabilité, une réponse ou une réaction aussi dénuée de sens critique que celles d’une personne de 12 ans ». Extrait de « Armes silencieuses pour guerres tranquilles »

6/ Faire appel à l’émotionnel plutôt qu’à la réflexion
Faire appel à l’émotionnel est une technique classique pour court-circuiter l’analyse rationnelle, et donc le sens critique des individus. De plus, l’utilisation du registre émotionnel permet d’ouvrir la porte d’accès à l’inconscient pour y implanter des idées, des désirs, des peurs, des pulsions, ou des comportements…

7/ Maintenir le public dans l’ignorance et la bêtise
Faire en sorte que le public soit incapable de comprendre les technologies et les méthodes utilisées pour son contrôle et son esclavage. « La qualité de l’éducation donnée aux classes inférieures doit être la plus pauvre, de telle sorte que le fossé de l’ignorance qui isole les classes inférieures des classes supérieures soit et demeure incompréhensible par les classes inférieures. Extrait de « Armes silencieuses pour guerres tranquilles »

8/ Encourager le public à se complaire dans la médiocrité
Encourager le public à trouver « cool » le fait d’être bête, vulgaire, et inculte…

9/ Remplacer la révolte par la culpabilité
Faire croire à l’individu qu’il est seul responsable de son malheur, à cause de l’insuffisance de son intelligence, de ses capacités, ou de ses efforts. Ainsi, au lieu de se révolter contre le système économique, l’individu s’auto-dévalue et culpabilise, ce qui engendre un état dépressif dont l’un des effets est l’inhibition de l’action. Et sans action, pas de révolution!…

10/ Connaître les individus mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmes
Au cours des 50 dernières années, les progrès fulgurants de la science ont creusé un fossé croissant entre les connaissances du public et celles détenues et utilisées par les élites dirigeantes. Grâce à la biologie, la neurobiologie, et la psychologie appliquée, le « système » est parvenu à une connaissance avancée de l’être humain, à la fois physiquement et psychologiquement. Le système en est arrivé à mieux connaître l’individu moyen que celui-ci ne se connaît lui-même. Cela signifie que dans la majorité des cas, le système détient un plus grand contrôle et un plus grand pouvoir sur les individus que les individus eux-mêmes

Note de synthèse de l'évaluation sur la ZAC de DUMBEA SUR MER

La Province Sud a commandé une mission sur la mise en oeuvre de la ZAC Dumbéa sur Mer; le rapport de cette mission a été rendu publique en avril 2010.
C'est un groupement de cabinet qui a rapporté le marché constitué donc de Partenaires Développement Groupe SETEC, Athanor Calédonie, et de Gide Loyrette Nouel.
La note de synthèse ci-après, issue du rapport de mission, reprend les principaux éléments de l’analyse effectuée entermes financiers et juridiques, urbanistiques, organisationnels, ainsi que les propositions descénarios d’évolution de la ZAC.

Une problématique qui ne se limite pas aux enjeux financiers
La décision politique de lancer simultanément les trois premiers secteurs de l’opération deDumbéa-sur-Mer pour répondre aux besoins de construction de logements sociaux a entraîné une forte accélération des dépenses et a rendu plus urgente la vente de charges foncières privées pour rééquilibrer la trésorerie. En termes d’équilibre financier de l’opération, le dernier bilan de février 2010 fait apparaître un déficit de l’ordre de 5 Milliards XPF sur les secteurs 1, 2 et 3, compensé principalementpar un bénéfice du même ordre sur le secteur 5. L’atteinte d’un résultat final à l’équilibre reste donc un objectif ambitieux, d’autant que la ZAC de Dumbéa-sur-Mer finance dans son bilan beaucoup d’infrastructures et d’équipements qui ne sont pas pris en charge habituellement dans le cadre des opérations privées. Compte tenu de la demande existant sur l’agglomération du Grand Nouméa en matière de logements, le rythme de vente prévu par le concessionnaire paraît atteignable d’un point de vue quantitatif. Toutefois, le risque que la pression commerciale mette en péril l’équilibre urbain de l’opération doit être pris en compte.

Une nouvelle vision urbaine à trouver
La décision prise en 2007 de ne pas remblayer la mangrove située face à la baie de Koutio a remis en cause la vision urbaine du projet initial. La centralité de ce territoire, qui constituera à terme un véritable morceau de ville intégrant près de 10% de la population de l’agglomération du Grand Nouméa, doit donc être repensée, en lien avec le centre urbain existant et en intégrant les considérations de mobilité (TCSP- Transport en Commun sur Site Propre, péage de la Savexpress).Le paysage et la mise en scène des équipements publics peuvent être des vecteurs de la réinterrogation de cette vision urbaine. Par ailleurs, une vigilance particulière devra être portée à l’équilibre social à tout instant du projet.

La nécessité de garder le contrôle du projet
Le pilotage actuel de l’opération de Dumbéa-sur-Mer présente quelques ambigüités. Alors que la responsabilité de la Province Sud, autorité concédante et garante de l’opération sur le plan financier, est entière, il apparaît que l’organisation actuelle ne couvre pas efficacement tous les sujets.

Les Elus se sont peu appropriés le projet pour l’instant et au niveau des services de laProvince Sud, peu de personnes ont une vision globale de l’opération. Les implications financières des décisions prises restent trop implicites et le concessionnaire n’a pas de directives sur la programmation urbaine.
Si la SECAL s’est progressivement organisée pour faire face à la complexité du dossier, les renforcements constatés depuis un an résultent plus d’une réaction aux problèmes rencontrés que d’une anticipation. La complexité et l’ampleur du projet nécessitent une organisation adaptée au niveau de la Province garder le contrôle de cette ambitieuse opération d’urbanisme.

Le pilotage de l’opération doit se faire en interaction avec tous les partenaires. Il apparaît en particulier que la Commune de Dumbéa n’a pas été véritablement associée à l’élaboration du projet. Elle a été par le passé considérée plus comme un point de passage formel obligé que comme un partenaire du projet, et entend aujourd’hui être un interlocuteur crédible en se renforçant en conséquence.

Les scénarios d’évolution du projet
Compte tenu des « coups partis », il n’est pas envisageable de laisser l’opération se poursuivre sur sa lancée sans une réaffirmation de la maîtrise politique. Il est par ailleurs impossible d’arrêter l’opération de Dumbéa-sur-Mer aujourd’hui : au-delà du risque d’imageque cette décision entraînerait sur les collectivités concernées, cela impliquerait une perte de près de 10 Milliards XPF pour le concédant.

Un premier scénario de poursuite du projet dans sa configuration actuelle présente l’avantage à court terme de répondre aux besoins de trésorerie de l’opération mais hypothèque une nécessaire réflexion en termes urbains et sociaux pour l’avenir du nouveau quartier de Dumbéa-sur-Mer. Compte tenu des constats formulés sur la gouvernance et le pilotage du projet, ce scénario repose a minima sur les points suivants :
- Renforcer le contrôle financier et le suivi de la commercialisation
- Réduire le plus possible les dépenses qui figurent au bilan de l’opération
- Optimiser l’efficacité du dispositif commercial
- Mettre en place une surveillance de l’équilibre urbain et social.

Le deuxième scénario consiste à accepter de revoir une partie du projet urbain pour optimiser les chances de succès de l’opération. Il intègre une nouvelle phase de conception et de concertation de la partie non réalisée.
Ce scénario justifie la mise en place d’un dispositif de pilotage spécifique à travers la création d’une mission dédiée au projet urbain de Dumbéa-sur-Mer et l’intervention deprofessionnels expérimentés. Cette mission, rattachée au plus haut niveau de l’exécutif provincial serait chargée :
- d’assurer le pilotage stratégique du projet
- de veiller à la bonne coordination entre la SECAL et les services de la Province
- d’associer tous les acteurs concernés par le projet : Commune de Dumbéa, financeurs,bailleurs sociaux…

vendredi 8 octobre 2010

Points clés de la déclaration de clôture du débat d'orientation budgétaire au Congrès le jeudi 23 septembre 2010


A l’issue du débat d’orientation budgétaire, les chefs de groupe au Congrès ont été invités à donner leur sentiment sur les points qui leur semblaient importants à prendre en compte dans l’élaboration du projet de budget 2011. A partir de la déclaration d’ouverture du chef de groupe, de celle de Madame Ilaisaane LAUOUVEA sur la clé de répartition, des diverses interventions des élus du groupe et des différentes problématiques soulevées, les points suivants ont été relevés.

1-) La nécessaire refonte de la fiscalité calédonienne

Le FLNKS a toujours exprimé depuis la signature des accords de Matignon en 1988, sa volonté d’engager une véritable refonte de la fiscalité de la Nouvelle Calédonie. Notre fiscalité correspond à un pays d’économie de comptoir, vivant essentiellement des transferts aussi bien financiers qu’en matière de biens et services en provenance de la France métropolitaine. C’est ce qui nous donne le label de « colonie » de la France dans le Pacifique mélanésien. Cette fiscalité à dominante indirecte a toujours favorisé les catégories de personnes à haut revenu. Les tenants du pouvoir justifiaient cet état de fait par le maintien d’une croissance soutenue à partir d’une faible taxation de cette catégorie sociale. La ressource fiscale existait alors mais la majorité de droite au pouvoir depuis plus de trente ans sans discontinue, a toujours refusé de modifier un système servant essentiellement son électorat traditionnel.

Désormais la situation politique, économique et sociale du pays a changé, même si les transferts de l’Etat restent stables, la Nouvelle Calédonie dispose d’atouts qui lui permettent d’assurer en partie le financement de son développement et de sa croissance. Chacun a l’ambition de construire un pays moderne, et qui dit pays moderne, dit fiscalité moderne adaptée aux structures d’un pays qui émerge de son long sommeil colonial. A l’idée de fiscalité moderne est liée celle de fiscalité juste permettant à chacun de contribuer à la hauteur de sa capacité contributive. Il n’est plus possible de laisser des catégories de personnes ou de biens continuer à être exemptées d’impôt sous des formes diverses. Dans le même temps, les actions de prédation se poursuivent. Au sens propre la prédation est le mode de nutrition du règne animal consistant à s’emparer d’une proie pour la dévorer et se nourrir de sa substance. Au sens figuré c’est bien de l’exploitation abusive des ressources du pays pour servir des intérêts de classe ou de parti dont il est question. Dans le passé des responsables ou des majorités ont plus agi en prédateurs qu’en bon père de famille quant à la gestion du bien public. Ce qui nous conduit, en situation de crise, à des difficultés dont les conséquences négatives doivent être supportées par l’ensemble du pays. Il est donc grand temps de regarder la réalité en face et d’oser s’interroger sur une solution fiscale possible au vu de la marge existante au regard du taux des prélèvements obligatoires : 29% en Nouvelle Calédonie, 44% en France, 55% en Norvège.

Des propositions de refonte du système fiscal existent, il s’agit désormais de faire preuve de volontarisme pour examiner ces propositions. Ce sera aussi l’occasion de voir comment restructurer notre économie, assainir nos finances publiques et veiller à une meilleure répartition de la richesse produite localement.

2-) La modification de la clé de répartition

Le fait d’évoquer une éventuelle modification de la clé de répartition touche au sacro saint principe du rééquilibrage auquel le FLNKS reste profondément attaché. Il convient de ne pas oublier en effet que face à la revendication d’indépendance exprimée par Jean Marie TJIBAOU en 1988, le premier ministre Michel ROCCARD lui avait proposé le principe du rééquilibrage et partant, son corollaire, le partage du pouvoir institutionnel, politique et économique. « Je ne vous donne pas l’indépendance mais les conditions pour y parvenir par le rééquilibrage » dira le premier ministre au président du FLNKS. C’est la raison pour laquelle notre attachement à ce principe de rééquilibrage a quelque chose de viscéral car il nous ramène à la source des accords politiques dont ce principe constitue la matrice originelle. Le rééquilibrage ne peut se comprendre que dans une vision d’émancipation et partant de souveraineté politique de l’ensemble du pays et non d’une portion de pays dans un esprit de partition.

C’est sous cette vision d’émancipation du « pays » qu’il convient d’examiner la situation budgétaire difficile d’une de nos trois provinces, c'est-à-dire la province sud. Nous sommes des responsables politiques du pays, et qui plus est la province sud est la province d’origine de certains élus FLNKS, nous ne pouvons donc agir comme si ce problème n’existait pas, il convient de le prendre en compte.

Au préalable, il sera nécessaire toute fois de nous poser la question de savoir comment sommes nous arrivés à cette situation. Comment la mise en œuvre de 20 ans de politique de rééquilibrage a pu conduire une province dans ce fossé budgétaire alors qu’une autre, la province Nord ne sait plus quoi en faire de ses ressources à tel point qu’elle arrive à placer plus de 11 milliards XPF en bon du trésor. Des causes sont avancées pour expliquer ce déséquilibre dans le rééquilibrage et notamment l’exode rural vers Nouméa et sa périphérie. Il est vrai que les chiffres confirment ce mouvement de population. En 20 ans, les provinces Nord et Iles perdent 6,7% de leur population, sur la même période, la province Sud en gagne 6,5% et ceci sans compter le flux de population en provenance du territoire de Wallis et Futuna qui se vide peu à peu de ses forces vives. Il convient aussi de prendre en compte le facteur immigration de français métropolitains attirés par les emplois et la qualité de vie de notre pays.

D’autres questions relatives aux choix politiques des provinces se doivent aussi d’être posées. La concentration des investissements sur la province sud n’a-t-il pas contribué à accentuer ce mouvement de population ? Le choix de lancer le projet d’usine du sud n’est t-il pas venu contrecarrer la mise en œuvre du rééquilibrage du Nord et des Iles ? Mais alors qu’elle a été la politique initiée par ces deux provinces pour retenir leur population, pourquoi tant de ressources inutilisées alors que les populations quittent village et tribu pour chercher une vie meilleure dans les squats de Nouméa et sa périphérie. Force est de constater que paradoxalement la mise en œuvre des politiques de rééquilibrage pose un sérieux problème de cohésion interne du pays.

Ainsi le groupe FLNKS dans sa vision pays, n’est pas opposé à participer aux discussions pour aider la province Sud eu égard à ses difficultés budgétaires récurrentes. Nous souhaitons aborder cette problématique dans le cadre d’une réflexion d’ensemble sur nos politiques menées ensemble ou séparément depuis 20 ans et qui nous ont conduit dans cette situation pour le moins singulière. Le groupe ne souhaite pas donner un chèque en blanc à la province sud mais par ailleurs, nous avons l’impérieux devoir d’aider une province en difficulté sinon ce serait donner raison à ceux qui ont toujours pensé ou œuvré pour que la provincialisation conduise inéluctablement la Nouvelle Calédonie à une partition de fait.

3-) Mise en œuvre des Fonds

Ce débat d’orientation a aussi permis d’aborder de nouveau la question des différents fonds : fonds souverain, fonds pour les générations futures, fonds stratégique de redéploiement économique et autres appellations. Le FLNKS avait aussi évoqué la mise en œuvre de ses fonds lors de la campagne électorale de mai 2009, c’était un des points de son programme électoral. Le principe que nous défendons est bien celui de la préservation de nos ressources fiscales notamment au moment où les revenus nickel sont au mieux. Notre pays est un pays doté de grandes richesses naturelles, l’exploitation de ces richesses doit se faire dans l’intérêt de toute sa population. Les revenus tirés de cette exploitation ne doivent pas être dilapidés sous forme de dépenses somptuaires ou grandioses ou encore sous forme de prébendes pour servir une catégorie de personnes ou de clientèle politique.

Conclusion

Pour un premier débat d’orientation, ce fut un débat intéressant et riche, de nombreuses propositions ont été confirmées ou exposées et développées. Ce genre de débat sur les orientations du budget d’un pays conduit inévitablement à des discussions vives car nous affrontons nos propres visions du pays en devenir que nous appelons chacun de nos vœux. Nous ne sommes pas toujours sur la même longueur d’onde et c’est normal. Mais de la discussion jaillit toujours la lumière pour éclairer la route ou le meilleur cheminement possible pour notre pays afin que nos enfants puissent vivre heureux dans un pays apaisé avec lui-même et avec son histoire. C’est de la discussion et le palabre que des solutions sont trouvées. La construction en profondeur et à tous les niveaux de notre pays ne peut naître en fait que d’une opposition permanente des forces en présence, une opposition dynamique et dialectique qui finalement nous empêche de sombrer dans une superficialité existentielle.

Il est du devoir du gouvernement de prendre ainsi en compte les propositions des groupes et notamment en ce qui nous concerne celle d’entamer une réflexion de fond sur notre système fiscal et partant sur la restructuration de l’économie calédonienne. Il est important de ne pas retomber dans les mêmes causes qui ont conduit notre pays au bord du gouffre des années 1984-1988. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, c’est à chacun au niveau des ses responsabilités exercées d’y veiller scrupuleusement et avec sagesse.

Pour terminer le groupe FLKNS remercie le gouvernement, les services et toutes les personnes compétentes qui ont aidé le Congrès à débattre au fond en cette première séance du débat d’orientation budgétaire.

R.WAMYTAN

jeudi 7 octobre 2010

UGPE contre la grève de la CNTP de Gérard Jodar


COMMUNIQUE DE L’UGPE en date du jeudi 7 octobre 2010


L’Union des Groupements de Parents d’Elèves (UGPE) tient à exprimer sa totale désapprobation vis-à-vis du mouvement de grève initié par la CNTP au lycée Antoine Kela de Poindimié. A 4 semaines du Baccalauréat, le Président de ce syndicat, ne peut en aucun cas se prévaloir du soutien des parents d’élèves et encore moins de celui de l’UGPE.

Notre Fédération de Parents d’élèves a toujours dénoncé les mouvements de grève au sein des établissements scolaires, surtout lorsqu’ils pénalisent en premier les enfants et la jeunesse de ce pays. Avant de lancer un mouvement de grève, il y a des préalables à respecter ! à quel moment la CNTP s’est elle rapprochée des parents d’élèves et des élèves pour leur faire part de ses problèmes ? N’y avait-il pas d’autres solutions pour que cette grave question de harcèlement soit solutionnée ? Est-ce responsable à quatre semaines des examens du baccalauréat de lancer un tel mouvement de grève ?

L’UGPE est fatiguée de devoir sans cesse expliquer à des responsables syndicaux qu’un établissement n’est pas un lieu de travail comme un autre. Une école, un collège, un lycée, un internat doivent être des sanctuaires que l’on respecte. Ceci est valable pour tous les partenaires de la communauté éducative, à commencer par les hauts responsables du Vice Rectorat et tout le personnel qui travaille dans l’enseignement !

L’UGPE n’est pas non plus satisfaite de l’attitude de M. Le Vice Recteur qui se rend à Koohnê pour rencontrer le syndicat CNTP, alors que les parents d’élèves de Poindimié et l’UGPE l’ont interpellé depuis plus d’une semaine pour qu’il aille sur place au lycée Antoine KELA afin de discuter avec tout le monde : les grévistes, mais aussi les enseignants, les parents et bien sûr les élèves. Combien de temps devrons-nous supporter ce genre d’attitude dédaigneuse ?

L’UGPE demande solennellement aux grévistes de Poindimié et aux Responsables de la CNTP de suspendre temporairement leur mouvement de grève, le temps de laisser les épreuves du 1er tour du baccalauréat se passer dans la sérénité. En effet, les parents ne sont pas indifférents aux revendications des syndicats mais trouvent le moment choisi pour la grève inopportun et néfaste car il sanctionne inutilement nos enfants qui se préparent à se présenter au baccalauréat.

Le Vice Rectorat a également sa part de responsabilité dans cette affaire. A l’occasion du transfert de compétences qui s’approche, il conviendra de mettre en place des dispositifs qui nous permettront de prévenir et solutionner rapidement les futurs conflits qui ne manqueront pas de se produire.

Enfin, l’UGPE demande aux Parents et aux élèves du lycée Antoine KELA de Poindimié de s’organiser, avec les enseignants, pour retrouver rapidement des conditions de travail et de révision correctes pour le baccalauréat. Nous interpellons le proviseur du lycée pour qu’il mette en place rapidement des révisions pour les élèves de terminales au cours des vacances de la Toussaint. Il en va de la réussite de tous nos enfants, qui n’ont en tout cas jamais mérité de voir leur scolarité et leur avenir ainsi gâchés par l’irresponsabilité des adultes !

Le bureau de l’UGPE.

Lu dans les Nouvelles du lundi 4 octobre 2010 "les ténors du Front afflûtent leur stratégie..."


Les ténors du Front affûtent leur stratégie
Lun 04 Oct 201020:00

L’Union calédonienne et le Palika, les deux locomotives du FLNKS, ont planché samedi, l’une à Païta, l’autre à Poindimié, sur la préparation de leur congrès respectif. Thématique commune : la construction de la Kanaky de demain.

L’UC veut une fiscalité « pays »
Dirigeants et militants du plus vieux parti calédonien, réunis samedi en comité directeur à la tribu de Bangou, à Païta, ont affiné l’ordre du jour qui sera proposé au congrès prévu les 5, 6 et 7 novembre, à Poya. Certains points inscrits au menu sont évidemment tirés du relevé de conclusions du dernier Comité des signataires. Par exemple, la réalisation par des experts indépendants d’un bilan global de l’accord de Nouméa et la constitution d’un comité de pilotage ad hoc, « l’après-2014 », les signes identitaires ou encore les transferts de compétences. Placée sous les projecteurs en raison de l’actualité en province Sud, la thématique de la fiscalité sera également abordée, pas sous l’angle de la clé de répartition, mais davantage sur la nécessité d’une réforme du système actuel. Car, « nous avons une fiscalité basée sur les transferts de l’État », souligne le secrétaire général de l’UC, Gérard Reignier. Et la volonté politique d’indépendance impose une correction de ce schéma : « Nous voulons une fiscalité "pays" ». Les prochaines réflexions seront lancées à partir des travaux opérés sur la question entre 1994 et 1998. « Il y a beaucoup de pistes », telles que la fameuse TVA, ou la taxation appliquée sur les transferts financiers vers la Métropole et autres nations. Toutes les hypothèses seront étudiées et débattues. Le but final est évident : « On veut construire le pays », a souligné samedi le président de l’UC, Charles Pidjot, dans son discours d’ouverture. « On est dans un processus, 2014 et 2018 arrivent, le processus que fixe l’accord de Nouméa c’est l’accession à la pleine souveraineté ».Une position devra être précisée. Début septembre, sous la plume de son leader, l’Union calédonienne avait décidé de ne plus siéger au sein du bureau politique du FLNKS « jusqu’à nouvel ordre ». Les déclarations de l’UPM Victor Tutugoro avaient mis le feu aux poudres. L’UC reste une composante de la coalition indépendantiste, mais suspend toujours momentanément sa participation à son organe collégial décisionnaire. Des rencontres spécifiques auraient été demandées pour s’expliquer et préparer « un bon congrès FLNKS » les 4 et 5 décembre à Dumbéa. Le président Pidjot n’a pu s’empêcher, toutefois, ce week-end, d’adresser un petit tacle à son collègue Paul Néaoutyine : « L’Uni est concentrée simplement sur le Nord. Nous, à l’UC, on a une représentation nationale ».


Pour le Palika, « il faut jeter les bases d’une autre société »
Programmé les 11, 12 et 13 novembre à Lifou, tribu de Kedeigne, le congrès du Palika se tiendra « dans un contexte particulier », admet Charles Washetine, à l’issue de l’assemblée générale de samedi à Poindimié. Outre les tensions internes au FLNKS, le porte-parole adjoint pointe « le rapprochement UC-Rump - chose que l’on a déjà vue à une certaine époque - » et « la remise en cause d’acquis » tels que la clé de répartition ou encore le corps électoral, une thématique sur laquelle Pierre Frogier veut rouvrir le débat. L’après-2014 va se discuter, mais dès aujourd’hui, un constat douloureux s’impose, d’après le membre du Palika : le développement se fait à différentes vitesses. « La marginalisation du peuple kanak, les squats, la délinquance de jeunes… Comment mène-t-on le rééquilibrage ? » Le parti de Paul Néaoutyine estime qu’« il faut jeter les bases d’une autre société ». Autrement dit, les intérêts privés ont trop dominé et dirigent toujours la danse. Conclusion : des actions doivent être entreprises pour booster une « prise en compte de l’intérêt général », pour appliquer un socialisme à la calédonienne. Et ce projet passe notamment par « une meilleure maîtrise du foncier », ajoute CharlesWashetine. Une maîtrise dont les mairies, les provinces, le gouvernement, le milieu associatif, sont les leviers.Décidé à être bien présent au congrès du FLNKS - qui a d’ailleurs « toute sa légitimité sur l’échiquier politique » -, le Parti de libération veut aussi retrouver sa cohésion en interne, après que des militants du Sud ont été ou sont intéressés par le courant d’ « Ouverture citoyenne » ou le groupe UC-FLNKS. Ces personnalités, parmi lesquelles Louis Mapou et Sylvain Pabouty, ont décidé de se réunir avant le congrès du mouvement.


Y. M.

lundi 4 octobre 2010

Un comité de pilotage pour la protection des savoirs traditionnels autochtones...

Le gouvernement du pays, sous la houlette de Déwé Gorodey, a mis en place un comité de pilotage pour reglementer la protection des savoirs traditionnels et à la protection des droits intellectuels autochtones. Un texte servant de base de travail a été pondu. Madoy qui s'est procuré le texte publie ici le préambule...

"PREAMBULE

Considérant que la Déclaration universelle des droits de l'homme proclame que tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droit et que chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés qui y sont énoncés, sans distinction aucune notamment de race, de couleur ou d'origine nationale;
Reconnaissant que ces droits découlent de la dignité inhérente à la personne humaine;
Reconnaissant que l'idéal de l'être humain libre, jouissant des libertés civiles et politiques et libéré de la crainte et de la misère, ne peut être réalisé que si des conditions permettant à chacun de jouir de ses droits culturels aussi bien que de ses droits civils et politiques, économiques et sociaux, sont créées;
Considérant, que la convention sur la protection de la diversité des expressions culturelles proclame, que « la diversité culturelle qui constitue un patrimoine commun de l’humanité, est un ressort fondamental du développement durable des communautés, des peuples et des nations; que la diversité culturelle est essentielle à la pleine réalisation des droits de l’homme et des libertés fondamentales; que la culture prend diverses formes dans le temps et dans l’espace et que cette diversité s’incarne dans l’originalité et la pluralité des identités ainsi que dans les expressions culturelles des peuples et des sociétés qui constituent l’humanité ;
Reconnaissant l’importance des savoirs traditionnels en tant que source de richesse immatérielle et matérielle, et en particulier des systèmes de connaissances des peuples autochtones, et leur contribution positive au développement durable, ainsi que la nécessité d’assurer leur protection et promotion de façon adéquate ;
Considérant que les activités, biens et services culturels ont une double nature, économique et culturelle, parce qu’ils sont porteurs d’identités, de valeurs et de sens et qu’ils ne doivent donc pas être traités comme ayant exclusivement une valeur commerciale »;
Considérant que ces activités, biens et services culturels ont tout autant une fonction sociale dans les cultures autochtones, qui valorisent les liens sociaux entre les hommes et les liens culturels avec l'environnement ;
Considérant qu'il incombe à l'Etat, en conformité avec les engagements contenus aux articles 10 (c) et 8 (j) de la Convention sur la diversité biologique de 1992, de protéger et encourager « l’usage coutumier des ressources biologiques conformément aux pratiques culturelles compatibles avec les impératifs de leur conservation ou de leur utilisation durable »; que la même convention proclame, en outre, que « chaque partie contractante respecte, préserve et maintient les connaissances, innovations et pratiques des communautés autochtones et locales qui incarnent des modes de vie traditionnels présentant un intérêt pour la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique et en favorise l’application sur une plus grande échelle, avec l’accord et la participation des dépositaires de ces connaissances, innovations et pratiques et encourage le partage équitable des avantages découlant de l’utilisation de ces connaissances, innovations et pratiques »;
Considérant que, dans le même esprit, la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones affirme, en son article 31, que « Les peuples autochtones ont le droit de préserver, de contrôler, de protéger et de développer leur patrimoine culturel, leur savoir traditionnel et leurs expressions culturelles traditionnelles ainsi que les manifestations de leurs sciences, techniques et culture, y compris leurs ressources humaines et génétiques, leurs semences, leur pharmacopée, leur connaissance des propriétés de la faune et de la flore, leurs traditions orales, leur littérature, leur esthétique, leurs sports et leurs jeux traditionnels et leurs arts visuels et du spectacle. Ils ont également le droit de préserver, de contrôler, de protéger et de développer leur propriété intellectuelle collective sur ce patrimoine culturel, sur ce savoir traditionnel et ses expressions culturelles traditionnelles » ;
Reconnaissant que l'identité kanak, c'est-à-dire la personnalité-même du « peuple-racine », demeure fondée, encore de nos jours, sur un lien particulier à la terre et aux étendues marines, qui s'exprime dans un rapport spirituel spécifique avec une vallée, une colline, la mer, une embouchure de rivière, ainsi que le rappelle le préambule de l'Accord sur la Nouvelle-Calédonie signé à Nouméa le 5 mai 1998 (l'Accord de Nouméa) ; que c'est à ces éléments du cadre naturel que l'homme s'identifie lui-même en considérant qu'il en est issu et que ses pères y vivent ; que tel est le sens profond que revêt l'affirmation que l'identité du Kanak se fonde un « lien particulier à la terre » ;
Reconnaissant que ce lien spécifique à la terre, conçu comme un lien mythique avec les ancêtres, s'exprime dans les normes et principes du Droit coutumier qui forment un ensemble cohérent dans la définition de ce que la Constitution du 4 octobre 1958, en son article 77, qualifie de « statut coutumier kanak » ; que participent de ce lien spécifique à la terre les savoirs traditionnels et expressions de la culture kanak, ainsi que les savoirs traditionnels associés à la biodiversité, régis par des règles qui dans la conception autochtone ne sont qu'un élément du statut juridique dérogatoire des terres coutumières d'ores et déjà garanti ;
Reconnaissant que ces savoirs traditionnels qui expriment, tout autant, le lien de cette culture à la nature que le lien des clans à leurs ancêtres fondateurs, voire à des totem pris dans la nature (animaux, plantes, éléments du paysage, etc.) ne peuvent être véritablement garantis que dans le respect des normes et principes coutumiers qui fondent la survie de cette société et de sa culture ; qu'il convient, en conséquence, de permettre et d'organiser l'expression des principes coutumiers se rapportant aux savoirs traditionnels, ceux-ci étant appréhendés comme des éléments constitutifs du statut des terres, en ce qu'ils participent comme les terres à la définition de l'identité de l'homme kanak, la terre ne désignant pas un bien, mais un capital social et intellectuel dans la conception autochtone ;
Considérant que l'Accord de Nouméa reconnaît la légitimité historique du Peuple Kanak, seul peuple autochtone de la Nouvelle-Calédonie, engagé dans l'élaboration d'un destin commun avec d'autres groupes de population venus d'ailleurs ; que la construction de ce vivre ensemble suppose la reconnaissance préalable de l'identité kanak, qui doit être affirmée et protégée de manière spécifique ; qu'il y est précisé, notamment, que « la pleine reconnaissance de l'identité kanak conduit à préciser le statut coutumier, à prévoir la place des structures coutumières dans les institutions, à protéger et valoriser le patrimoine culturel kanak »;
Considérant que l'organisation, par une loi du pays, de la prise en compte de la conception coutumière du rapport de l'homme Kanak à la nature, qu'expriment les savoirs traditionnels, est le moyen de tisser des liens avec les autres composantes culturelles du Pays, elles aussi concernées par le rayonnement social et politique de l'identité kanak ;
Considérant que l'accord de Nouméa précise dans le document d'orientation qui complète son préambule, au titre de l'identité kanak, que « l'organisation politique et sociale de la Nouvelle-Calédonie doit mieux prendre en compte l'identité kanak » ; qu'il rappelle le rôle joué, dans la préservation et le développement de cette identité, tant par le statut civil particulier, rebaptisé « statut coutumier » (point 1.1), que par le Droit coutumier et les structures coutumières (point 1.2) ; qu'il énonce au titre du patrimoine culturel que « les noms kanak des lieux seront recensés et rétablis. Les sites sacrés selon la tradition kanak seront identifiés et juridiquement protégés, selon les règles applicables en matière de monuments historiques » (point 1.3.1); que « l'Etat favorisera le retour en Nouvelle-Calédonie d'objets culturels kanak qui se trouvent dans des musées ou des collections, en France métropolitaine ou dans d'autres pays. Les moyens juridiques dont dispose l'Etat pour la protection du patrimoine national seront mis en oeuvre à cette fin. Des conventions seront passées avec ces institutions pour le retour de ces objets ou leur mise en valeur » (1.3.2) ; qu'il précise encore (au titre du développement culturel) que « la culture kanak doit être valorisée dans les formations artistiques et dans les médias. Les droits des auteurs doivent être effectivement protégés » (1.3.4) ; qu'enfin « sur l'ensemble de ces questions relatives au patrimoine culturel, l'Etat proposera à la Nouvelle-Calédonie de conclure un accord particulier » (1.3.5) ; qu'aux termes de cet « accord particulier sur le développement culturel de la Nouvelle-Calédonie, signé le 22 janvier 2002 entre l'Etat, la Nouvelle-Calédonie, et ses trois provinces : « l'Etat s'engage à soutenir la mise en oeuvre, par les collectivités publiques de Nouvelle-Calédonie, d'une politique spécifique en matière de protection, de conservation et de valorisation du patrimoine historique, artistique, archéologique, ethnologique » ; que dans ce cadre, l'Etat s'engage à l'égard de la Nouvelle-Calédonie à « protéger les savoirs traditionnels et les expressions de la culture kanak » (point 1.1, dernier §) ;
Considérant que les savoirs traditionnels participant de l'identité kanak et du patrimoine culturel du Peuple kanak, la présente loi du pays ne fait que traduire juridiquement les engagements préalablement souscrits ;
Considérant, en second lieu que si, comme l'affirme le même document d'orientation, « l'identité de chaque Kanak se définit d'abord en référence à une terre », étant rappelé que la Nouvelle-Calédonie est d'ores et déjà compétente pour légiférer dans le domaine du statut des terres, comme dans celui du statut personnel, c'est-à-dire le droit coutumier qui régit toutes les relations de nature civile entre citoyens de statut coutumier kanak, la Nouvelle-Calédonie tient de l'ensemble de ces dispositions la pleine compétence pour légiférer en vue de préciser le droit applicable aux savoirs traditionnels, et pour poser, par voie de conséquence, les fondements juridiques d'une « propriété » intellectuelle autochtone, ancrée dans les principes coutumiers ;
Considérant que cette compétence pour légiférer en matière de savoir traditionnels s'inscrit dans le cadre de celle d'ores et déjà dévolue à la Nouvelle-Calédonie pour définir le statut des terres coutumières ; qu'elle participe aussi de la compétence d'ores et déjà reconnue à la Nouvelle-Calédonie pour légiférer en matière de statut coutumier kanak ;
Considérant que les terres, les structures coutumières, le statut coutumier kanak, et les savoirs traditionnels constituent, de manière indissociable, les piliers sur lesquels repose l'identité kanak ; qu'ils ont en commun au regard des normes coutumières kanak d'induire des obligations et d'exclure toute possibilité de renonciation, d'aliénation, ou de privation des droits qui en découlent ;
Considérant que la reconnaissance de l'identité kanak commande de garantir les droits du Peuple Kanak sur sa propriété intellectuelle traditionnelle et ses expressions culturelles, dans l'esprit qui a guidé les travaux de la Commission du Pacifique Sud dans l'élaboration de sa « loi type 2002 pour l'Océanie », qui reconnaît que « les communautés traditionnelles sont les propriétaires, les dépositaires et les gardiens des savoirs traditionnels et des expressions de la culture, les titulaires des droits sur ces savoirs et les personnes responsables au premier chef des décisions concernant leur utilisation »; que rien dans le dispositif de droit commun de protection de la propriété intellectuelle ne permet de satisfaire à ces objectifs ;
Considérant que la conception kanak des rapports sociaux est fondée non sur la reconnaissance de droits mais sur celle de devoirs, et le partage de devoirs, qui poursuivent un objectif de cohésion sociale seul garant de l'harmonie que cette civilisation définit comme valeur suprême ; que les savoirs traditionnels participent de cette quête d'harmonie dans le lien qui unit les hommes à la nature, de la même façon que les règles coutumières qui régissent les rapports entre les hommes et les clans, visent à préserver l'harmonie entre les hommes en posant des interdits et l'obligation de préserver certains savoirs dont découle l'identité de certains clans ;
Considérant que, dans une civilisation qualifiée de « civilisation du végétal », l'atteinte à la terre, à l'environnement, et à tous les savoirs qui directement ou indirectement se relient à cette terre, perçue comme la propriété d'ancêtres dont l'existence se poursuit parmi les vivants, constitue une atteinte non pas à un droit mais à l'existence même de cette société et aux valeurs qu'elle considère comme intangibles pour sa survie, et même comme sacrées;
Considérant enfin, que la reconnaissance des us et coutumes sur le domaine foncier, dont participe l'organisation de l'expression du droit coutumier en ce qui concerne les savoirs traditionnels, doit s'accompagner de la reconnaissance des droits intellectuels sur cette autre part indissociable du « foncier » que sont les étendues marines qui, selon le droit coutumier kanak, s'analysent comme des terres recouvertes d'eau, et dont le statut, pour cette raison, est assimilable à celui de la terre ferme;
Toutefois, cette reconnaissance des droits intellectuels en lien avec les étendues marines, préalable indispensable à l'organisation d'un régime d'accès et de partage équitable sur les ressources biologiques situées en milieu marin, ne saurait remettre en cause les règles relatives au domaine public maritime ;
Considérant que la reconnaissance de l'identité kanak commande, tout particulièrement, de garantir le respect des savoirs traditionnels associés à la biodiversité, et leur conservation, comme préalable à un partage équitable des avantages résultant de leur valorisation ;
Considérant que l'efficacité de cette réglementation impose de protéger tout à la fois les savoirs biologiques traditionnels qui émanent de la culture autochtone kanak que ceux qui émanent de la culture des autres groupes culturels ou nations qui peuplent la Nouvelle-Calédonie ;
Reconnaissant la dette des sociétés contemporaines à l'action protectrice exercée par les peuples autochtones et les communautés locales de par le monde, et par la société kanak en particulier, sans laquelle la richesse en ressources génétiques et en biodiversité n'aurait pu être sauvegardée, en conséquence de quoi, il apparaît légitime de sauvegarder et de protéger les droits intellectuels sur les « savoirs traditionnels associés à la biodiversité », et plus largement de sauvegarder et de protéger les « savoirs traditionnels et expressions de la culture kanak » qui expriment le lien indéfectible entre culture et nature, et partant toutes les expressions culturelles d'une civilisation construite sur le lien mythique et physique de l'homme à la terre qui l'a vu naître ;
Considérant que cette protection conjointe de la culture et du lien de l'homme à la terre et des savoirs traditionnels, doit se combiner avec l'encouragement de l'activité créatrice, l'innovation et la reconnaissance de l'universalité de l'intelligence humaine par la promotion et la protection de la propriété intellectuelle sous toutes ses formes à travers le monde; qu'elle participe, à la fois, à la préservation de la biodiversité, et à la protection de la diversité culturelle ; que cet objectif de protection de la « socio-bio-diversité » ne peut se concevoir sans une garantie efficace contre les abus observés tant en matière de production culturelle (contrefaçon), qu'en matière de recherche sur le vivant (bio-piratage) ;

La présente loi contribue ainsi à réduire les distorsions et les entraves en ce qui concerne la recherche et le commerce international, tout en veillant à promouvoir une protection efficace des droits intellectuels autochtones et faire en sorte que les mesures et procédures visant à faire respecter ces droits intellectuels ne deviennent pas elles-mêmes des obstacles au commerce légitime.
Cette loi répond surtout à la nécessité, en application du préambule de l'Accord de Nouméa, d'organiser l'expression et la prise en compte du droit coutumier en posant les fondements d'un statut coutumier des savoirs traditionnels opposable à tous, tout en donnant corps à une conception autochtone d'un patrimoine commun bio-culturel qui englobe, sans distinction, la symbolique des paysages ou espaces sociaux (tertres, allées centrales des chefferies, etc.), les espèces vivantes, les restes humains, les savoirs scientifiques, les objets d'art, et tout ce qui participe des liens qui unissent les hommes et les clans au sein de ce peuple, et qui réaffirme l'appartenance de ce peuple à sa terre ; qui affirme, enfin, que si les bienfaits liés à ce patrimoine peuvent être partagés dans certaines conditions, ce patrimoine ne pourra jamais être aliéné, car il n'est pas objet de propriété mais de responsabilité, la collectivité titulaire en étant seulement la gardienne. Ces spécificités imposent d'envisager un statut sui generis des droits intellectuels autochtones, sur la base de concepts déconnectés des catégories et notions du droit occidental pour refonder le développement sur les valeurs autochtones, alliant nature et identité, puisque l'identité kanak n'est en définitive, encore de nos jours, que l'expression d'un lien particulier des hommes à cette terre conçue, et pleinement vécue dans sa dimension mythique, comme le "sang des morts" (les ancêtres divinisés), ce que Jean-Marie Tjibaou exprimait en ces termes : "nos terres ne sont pas à vendre, elles sont l’unité de notre peuple. Elles sont l’univers que nous partageons avec nos dieux”.

Un coup d'essai pour la lever des drapeaux à Moindou

Ce lundi 4 octobre 2010 à Moindou, le voeu pour la lever les drapeaux n'a pas trouvé de majorité... Domage ! Sur le papier, il y avait une majorité pour. Pire: un élu municipal estampillé UC aurait voté contre... en compagnie, ce qui est logique, des élus Gomésiens. En tout cas, les élus indépendantistes, initiateurs de la proposition de voeu, ne sont pas trop mécontents parceque ceci va constituer un coup d'essai. D'autres initiatives seront dévoilées prochainement pour forcer le maire Gomésien, Perronnet, à mener une politique muncipale réellement au service de l'ensemble des administrés de Moindou. Affaire à suivre...

Ci-dessous le Vœu déposé par les indépendantistes relatif aux drapeaux français tricolore et identitaire kanak à hisser côte à côte sur l’édifice public de la Mairie de Moindou

"Le Congrès de la Nouvelle-Calédonie a exprimé le 13 juillet 2010 le vœu que les deux drapeaux, tricolore et kanak, flottent ensemble sur les édifices publics de la Nouvelle-Calédonie. Rappelons que le Président de la République en personne a posé les bases de cette reconnaissance mutuelle lors du 8ème comité des signataires. Il a notamment souligné que « l’on n’est pas moins français quand on reconnait une autre identité, bien au contraire : c’est la force de notre République que de savoir faire vivre ensemble, en son sein, des identités plurielles ».Nous savons que ce geste n’est pas facile, que cela requiert des efforts de part et d’autre mais comme le notait le Président Sarkozy, on n’est jamais perdant lorsque l’on tend la main le premier. C’est d’ailleurs tout le sens que revêt chez nous la coutume. Aussi nous vous demandons, au nom de deux légitimités pour un destin commun de bien vouloir faire flotter ensemble les deux drapeaux sur la mairie de Moindou. Nous voulons faire partie de ceux qui acceptent cette formidable évolution des mentalités, à laquelle nous devons contribuer dans un esprit de responsabilité, de sorte que nous puissions ensemble établir les bases d’un avenir commun.
Après le Haut-commissariat, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, la Province sud, le Congrès, les municipalités dont celle d’Ouvéa qui a été la première a franchir le pas, avec toute la charge historique et émotionnelle que cela comporte,…notre tour est donc venu et la commune de Moindou ne peut pas être à contre courant de l’histoire... "

dimanche 3 octobre 2010

Par Xarlo,

" S'il ne l'est pas déjà, il ne tardera pas à être dans les bonnes librairies; Il a été présenté à la Fête de l'Huma, au stand de France-Cuba, où l'auteur Maurice Lemoine le dédicaçait à tours de bras.
Je n'en suis qu'à la moitié mais je vous l'affirme déjà: il est génial.
C'est un gros pavé de plus de 1000 pages qui se lit comme un roman policier (ce qu'il n'est pas) ou comme un roman d'espionnage (ce qu'il n'est pas non plus) ou comme un bouquin politique (ce qu'il n'est pas non plus) ou comme un roman (ce qu'il n'est pas complètement)... Il est tout ça à la fois !!!
Un bijou pas cher, 24 euros, que vous pouvez offrir comme cadeau à tout le monde et n'importe qui...
Voyez les couvertures en fichiers joints.
Voilà 2 jours que je n'arrive pas à me détacher de lui

De Maurice Lemoine "Cinq Cubains à Miami", éditions Don Quichotte

vendredi 1 octobre 2010

Lettre de prison d'un révolutionnaire

Lettre de Jean-Marc Rouillan

Deux années d’emprisonnement pour des mots… Moi qui, à la sortie de Mai 68, ai fait le choix des armes et de l’action révolutionnaire, me voici, à cinquante-huit ans, incarcéré, suprême ironie, « sur parole ». Les magistrats de l’antiterrorisme donnent ainsi raison à l’adolescent que j’étais et qui, comme des milliers d’autres à travers l’Europe, avaient fait ce choix en estimant qu’il était impossible d’agir en révolutionnaire dans les cadres de la politique bourgeoise.

Pour nous, dans ce système, on ne parle librement qu’à la seule condition de balbutier les commandements des maîtres. Aveuglés par leurs certitudes réactionnaires, les juges parient sur la disparition sans retour d’une véritable opposition d’extrême gauche dans nos pays repus du malheur qu’ils causent ailleurs. Une opposition de classe capable de briser les appétits de prédateurs qui détournent les fruits du labeur des travailleurs. Une opposition conséquente en mesure rallier le pôle politique des exploités.Qu’on le veuille ou non, ma détention révèle les peurs qui hantent toujours les gouvernements des pays impérialistes. Leurs craintes du fantôme de la résistance. Ma détention résulte de la volonté d’anéantir toute trace d’une alternative radicale aux habitudes rituelles des pétitions et des manifs-promenades, au verbiage hémiplégique des « plus à gauche, tu meurs », aux actions sans lendemain et aux comédies de la rupture avec le système et ses supplétifs.

Malgré tout, la lutte continue : chaque combat, chaque escarmouche, chaque refus porte en son sein une alternative révolutionnaire. J’ai appris de nos défaites. Mais je ne suis jamais dit qu’ils sont les plus forts, qu’il n’y a plus rien à faire. Je n’ai jamais renoncé à diffuser notre expérience combattante. Et j’assume toute la responsabilité politique de nos actions passées.Deux années d’emprisonnement pour des mots… Ma détention repose sur l’arbitraire. Qui est aussi le fruit « ordinaire » de la prolifération des lois et des décrets liberticides. Alors que les gouvernants organisent l’impunité des patrons voyous et des milliardaires voleurs, ils multiplient les lois durcissant le rapport de force contre les exploités. Pas une année ne passe sans qu’on ne fasse voter en toute hâte (et souvent en catimini) une loi ou un amendement serrant encore la vis.Les tribunaux d’exception et les brigades antiterroristes encadrent l’autoritarisme de cet État policier. Ils en sont l’expression omnipotente. Et aujourd’hui les tribunaux « ordinaires » – qui expulsent les Roms et les travailleurs étrangers, qui innocentent les policiers assassins, qui emprisonnent par brassées le petit peuple des quartiers –, relayés par le cortège des brigades spéciales – qui contrôlent au faciès, fouillent, tabassent et jouent du Taser et du flash ball –, font entrer l’arbitraire dans chaque relation « ordinaire » des plus pauvres avec l’État. Jusqu’où allons nous accepter la dictature « ordinaire » de la droite extrême ?Cet État aurait-il cherché à donner un sens supplémentaire à ma vie militante qu’il n’aurait pu s’y prendre mieux ! Que je remercie en empruntant les mots du poète Heinrich Heine : « La haine de mes ennemis peut servir de garant que j’ai rempli jusqu’à ce jour cet emploi fidèlement et avec honneur. Je me montrerai toujours digne de cette haine. »Et pour conclure ce deuxième anniversaire, je remercie, du fond de ma cellule, tous les camarades, les amis et les inconnus qui incluent ma libération dans leur projet d’émancipation révolutionnaire.

Jean-MarcRouillanCentre de détention de Muret

http://linter.over-blog.com/article-je-remercie-du-fond-de-ma-cellule-tous-les-camarades-les-amis-et-les-inconnus-qui-incluent-ma-liberation-dans-leur-projet-d-emancipation-revolutionnaire-lettre-de-jean-marc-rouillan-58036589.html