jeudi 8 septembre 2011

Hommage au vieux Gaby Païta par le Congrès de la NC

Voici la déclaration faite par Caroline MACHORO au nom de Roch WAMYTAN, en tant que président du Congrès de la Nouvelle Calédonie, lors des obsèques de Gabriel Païta ce mercredi 7 septembre 2011 à la tribu de St Laurent.


Aujourd’hui est un jour de tristesse, un moment qui appelle le RESPECT.
J’ai la lourde tâche de représenter le Président du Congrès, Roch WAMYTAN dont les responsabilités politiques ont empêché la présence parmi nous en ce jour de deuil.
Mais avant de prendre la parole, je voudrai m’abaisser et me faire petite devant Vous Tous. Merci.

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C'est en toute humilité et avec une profonde tristesse qu'aujourd'hui, je viens rendre, au nom du Congrès de la Nouvelle-Calédonie, un dernier hommage à Monsieur Gabriel PAITA.

GABY, c'est ainsi que tous, petits et grands, camarades politiques et simples militants, nous avions coutume de vous appeler, démontrant ainsi l'incontournabilité de votre présence au sein de la société calédonienne. Vous avez été une figure emblématique politique, religieuse, coutumière de notre Pays, un acteur dans l'évolution statutaire de la Nouvelle-Calédonie.

C'est ici même à Saint-Laurent que vous êtes né le 22 juin 1929, sous le régime du Code de l'Indigénat qui niait la reconnaissance des « indigènes » par l'Etat Français. Soutenu et impulsé par votre famille, vous avez intégré l'école catholique, vous ouvrant ainsi sur les connaissances universelles. Votre curiosité légendaire accompagnée d'une soif d'apprendre vous a conduit à Sainte Marie en 1939 puis au Grand Séminaire Saint Léon en 1949 après que vous ayez accompli vos classes préparatoires au Petit Séminaire Saint Tarcissus à Canala.

Pendant cette période vous avez acquis la conscience d'une société en pleine mutation et la conviction que vous aviez un rôle à y tenir. Vous aviez, en effet, ressenti et vécu les bouleversements de notre société avec la présence des américains pendant le 2ème Guerre Mondiale, le départ des jeunes calédoniens pour participer à la libération de la France du joug de l'oppresseur allemand.

La fin de la guerre marque la naissance, dans notre société, d'une ère nouvelle. Le Code de l'Indigénat est aboli en Mai 1946 et la citoyenneté française, octroyée à l'ensemble des ressortissants des Colonies française d'Outre Mer. Vous êtes, alors, un témoin direct et vous accompagnez la mise en place des premières organisations confessionnelles et des regroupements des Mélanésiens au sein de l'AICLF et de l'UICALO et la création du Mouvement d'Union Calédonienne en Mai 1956.

C'est le point de départ de votre engagement personnel pour l'émancipation du Pays Kanak et de son Peuple. Vous étiez Moniteur à Ouvéa, à l'école Saint Joseph depuis Février1955 et, militant, vous êtes concerné par la mise en place de la Loi Cadre dit Loi DEFFERRE en Juin 1956.

Quand, en 1957, l'Union Calédonienne se prépare en vue des élections pour la toute nouvelle Assemblée Territoriale, c'est tout naturellement qu'elle vous appelle, soutenu que vous étiez par les militants de Païta. Vous devenez, le 6 Octobre 1957, à 28 ans, le benjamin de la première institution du Pays.

Dès lors, vous consacrerez tout votre temps, toute votre vie à votre engagement politique. Vous ferez partie de ces précurseurs qui ont modelé notre Société avec conviction et, pendant les vingt sept ans où vous siègerez à l'Assemblée Territoriale, vous porterez haut et fort l'idéal de votre parti : « Deux couleurs, Un seul Peuple »

Votre engagement au sein de l’Assemblée territoriale, en tant que conseiller, membre des commissions, président de la Commission Permanente laissera une forte empreinte. Vos collègues retiendront de vous, un homme de caractère défendant, contre vents et marées, ses convictions inébranlables.

L'intérêt particulier que vous avez porté toute votre vie sur les problématiques foncières vous ont amené à siéger, aux côtés de Jean-Marie TJIBAOU, au Conseil d'Administration de l'Office Foncier que vous intégrez en Décembre 1982.

Votre conviction profonde de ce que la sauvegarde de la coutume, de la culture, de l'organisation sociale kanak sont au centre des dispositifs permettant une évolution consensuelle de notre Pays, vous aura conduit à intégrer le Sénat Coutumier que vous présidez en 2005 et 2006.

Mais, votre engagement dans les hautes sphères politiques ne vous auront jamais fait perdre de vue le quotidien de vos concitoyens de Païta où vous avez été Conseiller Municipal en 1977, réélu en 1983.

Au moment de vous conduire à votre dernière demeure dans cette vallée qui vous a vu naître, je voudrais, au nom du Congrès de la Nouvelle-Calédonie, de son Président, de son Bureau et de tout son personnel, saluer l’Homme, qui a consacré toute sa vie à son PAYS.

Merci Monsieur Gabriel PAITA pour votre disponibilité, votre présence, votre soutien.

Merci à votre famille, à vos enfants, petits enfants, à votre clan pour vous avoir permis, pendant toutes ces années, de vous consacrer au service exclusif de vos convictions politiques et humaines pour l’émergence de notre Pays.

GABY ton Pays te remercie et te salue.

COKWA