vendredi 10 février 2012

"Crois-moi camarade, si tu veux voter utile, vote Mélenchon"


Une confidence: c'est vrai que Madoÿ, s'il devait participer aux présidentielles françaises (ce qui n'est pas du tout sûr ....) a un faible pour Mélenchon...

LEMONDE.FR
09.02.12
08h24 • Mis à jour le 09.02.12
09h58

Jean-Luc Mélenchon en meeting à Montpellier, le 8 février 2012.AFP/PASCAL GUYOT

Montpellier, envoyé spécial - Précédé de quelques musiciens, Jean-Luc Mélenchon a fendu une foule compacte pour rejoindre la tribune. Selon le Front de gauche, ils étaient 8 000 réunis, mercredi 8 février, au parc des expositions de Montpellier. Il y a des jeunes et des plus vieux, des drapeaux du Parti de gauche et du Parti communiste (PCF), ceux qui ont arrêté leur choix, ceux qui hésitent toujours et d'autres encore qui sont venus par curiosité.

Dans une interview accordée à Midi Libre, mercredi, le candidat du Front de gauche à la présidentielle assurait avoir des chances d'être au second tour de la présidentielle. Peu sont aussi optimistes, mais tous espèrent que M. Mélenchon arrivera à faire entendre la voix de la gauche de la gauche dans la campagne présidentielle. "Il faut être réaliste, Mélenchon ne sera pas au second tour", reconnaît André, un militant de longue date du PCF. L'enjeu, estime-t-il, est d'engranger le plus de voix possible – pourquoi pas "un score à deux chiffres"– pour faire infléchir la position de François Hollande.

"Chaque point que Mélenchon gagnera au premier tour éloignera le PS de la tentation du capitalisme", renchérit Albert, un autre "vieux de la vieille" du PCF. Albert, 72 ans, est agréablement surpris du tour que prend la campagne de M. Mélenchon. Il était plutôt sceptique quand son parti a décidé de ne pas présenter de candidat. "Cet accord électoral a été un crève-cœur pour moi. On a avalisé le fait que le PCF était politiquement mort", regrette ce retraité de la fonction publique. Le candidat du Front de gauche l'a tellement convaincu qu'il "en a oublié que [ce dernier] avait été pendant des années et des années un cadre du PS".

"Aux meeting de Marie-Georges [Buffet], il n'y avait que des têtes blanches. Ça fait plaisir de voir qu'ici, la moitié de l'assistance est composée de jeunes gens. Ma génération, c'est terminé et c'est déjà une grande victoire pour Mélenchon et pour la gauche d'avoir réussi à fédérer une partie de la jeunesse", se réjouit-il.

UN "COURS MAGISTRAL" SUR LES MÉCANISMES DE L'UNION EUROPÉENNE

Parmi les plus jeunes, beaucoup assistent à l'un de leur premier meeting politique. Manuel a 20 ans. Au printemps, il élira pour la première fois un président de la République. Celui qui n'avait pas encore eu l'occasion de voir son candidat à la tribune est emballé "par la fermeté de son discours, par l'aura de cet homme qui renonce au renoncement".

Il pense à s'engager au Parti de gauche, voire dans la campagne. "Les derniers développements de la crise économique donnent raison à Mélenchon sur toute la ligne", explique-t-il avec enthousiasme. Il précise : "Face à un capitalisme toujours plus féroce, on n'a pas d'autre choix que de mettre l'humain d'abord. C'est peut-être un slogan, mais je suis convaincu que c'est la seule chose à faire pour que l'on reprenne la main sur ce monde qui nous échappe."
A la tribune, le candidat du Front de gauche s'est lancé dans une explication des mécanismes de l'Union européenne (UE) qui, assure-t-il, ôtera aux Etats leur capacité à agir de leur propre chef. Le discours est technique et l'auditoire se dissipe quelque peu. Tous ne sont pas certains qu'un meeting est le lieu pour un tel "cours magistral".
Marion, plus convaincue que jamais par M. Mélenchon, n'est pas de cet avis : "C'est important qu'il ne prenne pas les gens pour des bœufs ! La finance en général, c'est quelque chose que l'on refuse d'expliquer au peuple. Mélenchon a le mérite d'aller au charbon pour expliquer ce qui concerne tout le monde, il fait appel àl'intelligence de chacun plutôt qu'à une idéologie."
ILS SONT NOMBREUX À NE PAS VOULOIR ENTENDRE PARLER DE VOTE UTILE
Hakim, lui, est toujours indécis. Il votera à gauche, c'est sûr. Mais il a été "traumatisé par le 21 avril 2002" et l'arrivée de Jean-Marie Le Pen au deuxième tour de la présidentielle. Il est tenté par un "vote de raison" pour le candidat le mieux placé dans les sondages, mais plus la campagne avance, plus il regrette la "frilosité" de François Hollande quant à la "mise au pas de la finance". Il reprend à son compte la pique de M. Mélenchon adressée au candidat PS qu'il a accusé de s'y attaquer "armé d'un pistolet à bouchon".
Jean-Marc le précède dans la queue de la buvette et tente de le convaincre : "Les sondages se suivent et se ressemblent ; Hollande a une avance confortable. Alors, crois moi, camarade,si tu veux voter utile, vote Mélenchon !" Ils sont nombreux ici à ne pas vouloir entendre parler de vote utile.
"J'ai 28 ans et j'ai toujours voté PS, sans conviction", déplore Marie, employée de bureau à Montpellier, qui glissera un bulletin Mélenchon dans l'urne. "Quand je vois l'état du PS dans la région, je ne suis pas fière de moi", ajoute-t-elle en référence aux malversations financières présumées de l'ancien président de la fédération de l'Hérault, Robert Navarro. Bien qu'exclu du PS, ce dernier est membre de l'équipe de campagne de François Hollande. "Quand on a l'ambition de diriger la France, on fait attention à ses fréquentations", conclut Danièle qui a quitté le PS pour le PCF dans les années 1980 et qui se réjouit " qu'une force soit en train de se reconstruire ".

Jonathan Parienté