dimanche 8 juin 2014

Essai … LE MOUVEMENT INDEPENDANTISTE : la démocratie en interne pour quel objectif ?



Des listes séparées dans les deux provinces , une seule liste dans le sud, deux groupes au congrès , deux ministres UNI  et 3 UC FLNKS : le panorama qui fait jaser beaucoup de monde. Des logiques qui s’entremêlent, encore faut-il en détecter … mais ainsi va le train indépendantiste à la veille des heures décisives comme prévu par l’Accord de Nouméa.  Ce nouveau panorama serait-il la traduction de la présence de deux visions : celle qui dit que le pays est déjà indépendant et l’autre qui elle continue à se battre pour la décolonisation considérant que tout n’est pas encore réglé. ? Peut être, mais les discours ne disent pas tout à fait cela : tout le monde parle encore d’indépendance, d’accès du pays à la pleine souveraineté, avec comme préoccupation première la citoyenneté, le statut international du pays, les régaliennes ... Ou tout simplement qu’entre les partis indépendantistes l’on est en train de bien discerner ceux qui sont là pour débrousser le chemin et ceux qui viennent surfer sur les résultats intermédiaires, pourquoi pas , on pourrait parler de complémentarité …Mais cela devient grave quand on assiste à des positionnements qui frôlent même la mise en danger de la cohésion du mouvement indépendantiste. Trop simpliste comme analyse mais si ça n’est pas cela, eh bien on va dire que l’on n’est pas épargné de la vision : « la politique est un fond de commerce où chacun vient y faire ses courses », en ne mettant plus de limites à ses égos !!! Grave pour des colonisés… Mais il est aussi des analyses qui disent que le colonisé omnibulé par  la lutte pour sa survie, finit par ne plus se rendre compte qu’il reproduit les mêmes réflexes que le colonisateur.  Oui le revers de l’autre slogan qui dit ceci : « pour combattre un système, il faut maîtriser ses mécanismes » oui maîtriser pour le transformer et non pas le reproduire. Cela est dit très facilement mais dans la pratique c’est chose difficile, car une fois que l’on a goûté en passant aux bienfaits du système, il faut savoir de nouveau se sacrifier pour construire l’alternative celle qui justifie la raison de tous les mouvements de libération nationale. Le mouvement nationaliste kanak est peut être en train de franchir cette étape et qu’il est normal qu’il y ait un peu de confusion dans la lecture des derniers positionnements politiques. C’est peut être aussi un moment propice pour continuer à affirmer les contradictions du système colonial, un peu pour dire que malgré les grandes réformes institutionnelles  ou autre, tant que le droit d’auto détermination du peuple colonisé n’est pas reconnu, la contradiction principale n’est pas réglée, et que la lutte doit continuer. Justement parlant de réformes, les programmes de formation des cadres du pays font revenir des gens diplômés pour servir le système en place, et d’ailleurs on parle maintenant de l’existence d’une élite kanake. Mais la question que l’on peut se poser est la suivante : est ce que cette élite kanak aura t-elle ou a t-elle les conditions pour construire l’alternative ? 

Comme toute chose  qui évolue par contradiction, la lutte nationaliste kanak arrive à un stade, où elle doit certainement se réinterroger sur la  manière dont elle positionne le débat sur son objectif : à savoir le droit à l’auto détermination. Le dispositif politique qu’est l’accord de Nouméa  qui aide à poser les bases de l’accès à la pleine souveraineté du pays a t-il tout prévu pour le règlement du fameux contentieux colonial ?

Des constats, des questionnements, des essais de lecture, Naku press vous laisse méditer et compléter son approche pour toujours aller de l’avant et franchir toutes les obstacles.
En guise de conclusion une citation de Paulo FREIRE : « ce qui distingue les leaders révolutionnaires de l’élite dominatrice ce ne sont pas les objectifs, mais leur façon d’agir : s’ils agissent de la même manière, leurs objectifs se confondent ».


Naku press : mise en ligne le 8 juin 2014