C’est le fil qui a conduit les réflexions de la DUS lors de
sa première Coordination Générale de l’année 2018, réunie ce samedi 17 février
au Sénat coutumier. Le bilan des actions unitaires menées sur le terrain dans
le cadre du RIN (Rassemblement des Indépendantistes et nationalistes) ,
l’action unitaire au niveau institutionnel ( Congres , Province et
Gouvernement) autant de niveau d’action où les militants continuent à porter le
discours selon lequel : seule la démarche unitaire permettra au mouvement nationaliste
kanak d’arriver dans de bonnes conditions pour aborder le référendum et de
recueillir un score honorable . Pendant que certains annoncent déjà la défaite
du camp indépendantiste, la DUS reste convaincue, qu’une bonne communication
sur les raisons et l’objectif d’un référendum, pourrait faire participer le
maximum de kanaks, les premiers concernés par cette consultation. Parce que le
référendum est d’abord la première étape du processus de décolonisation engagé
par l’Accord de Nouméa.
Afin de bien définir les contours de sa participation aux
différentes initiatives qui seront engagées sur le terrain, la DUS a consacré
du temps à comprendre les positions avancées par les uns et les autres entre la
pleine souveraineté avec partenariat, et l’organisation des bilatérales au
lendemain du référendum quelque soit le résultat. D’une analyse critique du
dispositif déployé par l’Etat pour accompagner le processus, la DUS retiendra
toute l’ambiguité qui prédomine quant à la finalité de ces différentes espaces,
comme pour faire croire à une
« sorte » de démocratie participative pour la recherche de la bonne
solution, celle qui aura trouvé l’adhésion de tous. Par ailleurs, la DUS bien impliquée dans le travail sur le
suivi des listes électorales , est bien placée pour constater qu’à quelques
mois du référendum , l’Etat comme
la droite coloniale, persistent dans lecture de la seule légitimité électorale , occultant la
dimension historique de ce rendez vous . Parfois même dans les commissions
techniques on entend encore des propos
frôlant le racisme vis à vis des Kanaks, à la limite une communauté que
l’on côtoie sans le connaître réellement.
A cette coordination générale, l’écho du terrain apporté par
certains militants présents confirme encore des situations d’inégalités, c’est
aussi l’écho d’une situation précaire, pour qui la solution c’est
l’indépendance, pour un changement
réel du système en place. Notre ennemi n’est pas le FLNKS, ni le Palika,
ni l’UC, l’urgence c’est de bien définir notre projet de société pour faire
l’information auprès de nos populations. C’est 2018 qui est l’étape importante
à préparer.
Des points de vigilance sont à noter afin de bien agencer la
stratégie de communication : la réalité calédonienne est celle d’un pays où les politiques d’aides sociales sous
prétexte de combattre la précarité, entretiennent plutôt les populations dans une situation de dépendance, et
c’est ainsi que certains mouvement politiques au pouvoir dans le pays, gagnent
la confiance d’une bonne frange de la population kanak (précarité oblige on
devient consommateur de ces aides).
Sans suivi ni contrôle, la politique d’aide sociale constitue un des
meilleurs moyens pour avoir toute la population à ses bottes. Seule une
communication claire pour dénoncer cette politique d’assistanat, ou de proposer
d’autres alternatives aux populations pour que de nouveau la population
redevienne maitre de sa vie, être responsable de ces faits et gestes.
Certes que beaucoup de gens déplore la
« division » du camp indépendantiste comme pour dire c’est comme cela
que vous dirigerez le pays demain … Mais cette division est moins grave que ce
que certains font dans ce pays, et surtout ce qu’ils font d’une partie de la
population. La prise en compte de l’identité kanak date de 20 ans seulement (un
dossier toujours en chantier) sur en tout et pour tout plus de 160 ans de
colonisation. Cette division tant décriée par certains, a le mérite de
s’exprimer ouvertement, mais il y a des discours ici qui viennent étouffer
cette aspiration d’un peuple colonisé, à retrouver sa dignité dans son pays, en
médecine on parle de tueur silencieux
pour qualifier certaines maladies, ce discours qui traverse
régulièrement les médias y ressemble énormément…
En conclusion de ce petit billet, Naku press relève juste
que le camp indépendantiste continue à construire sa parole. La pleine
souveraineté du pays, ou l’indépendance reste le mot clé de l’ensemble des
partis, ce sont les discussions sur les modalités qui sont perçues par certains
comme des divisions. Les indépendantistes sont déjà en train de débattre du
lendemain du référendum, et les propos de la mission Vals, actuellement sur le
territoire semblent aussi aller dans le même sens, pour attirer l’attention sur
le fait que les choses vont bouger qu’il faut désormais penser au lendemain,
comment se retrouver autour d’une table pour discuter de l’intérêt général.
Publication du 21 février 2018